hors sujet
Il y a des fois où la vie, basse, écoeurante, vous reprend, ne serait-ce que l'espace d'un instant ...
Une excellente soirée à pleurer de rire chez Benoît, une bouteille de Montbazillac sur la table, il fait 15° dehors, c'est le début du printemps ... un vrai bonheur !
Et puis sur le chemin du retour, plein de gens sur le trottoir, plein de gens comme moi qui sont venus prendre du bon temps un vendredi soir ...
Et puis devant nous, un "couple".
Enfin, un mec et une nana.
Enfin, une espèce de connard (oui oui, connard !!!!!! en majuscules même CONNARD !!!!!) qui se retourne sur sa nana et qui commence à l'invectiver, à l'humilier.
Il l'insulte, en public, elle est prostrée, le suit tête basse.
Il fait un premier geste vers elle, violent.
Elle ralentit à peine, rentre un peu plus la tête dans ses épaules.
Les injures pleuvent toujours, et nous assistons à ça, 2 mètres derrière.
Et puis le coup part, un vrai. La gifle. Les cheveux de la jeune fille volent. Elle s'arrête, il continue sans la regarder.
Elle est là, plantée au milieu de la rue, le temps de reprendre son souffle pour le suivre à nouveau ...
Que se passe t'il dans sa tête ? Celles qui ont subi ça le savent mille fois mieux que moi. Elle se dévalorise ? Se dit qu'elle l'a bien mérité ? Se demande si elle doit le suivre ou partir dans une autre direction ?
Nous étions 3. Silencieux. A nous demander chacun dans notre coin ce qu'attendaient les 2 autres pour faire un signe et sauter sur l'odieux, le griffer, lui arracher les yeux, lui mettre un coup de genou là où ça fait mal puis lui cracher dessus, en public. Et nous n'avons pas poursuivi l'espèce de néanderthalien. Nous ne l'avons pas fait. Je n'en suis pas fière vous savez.
Au lieu de ça, nous avons écarté la jeune fille dans une entrée d'immeuble. Pris de ses nouvelles. Elle a l'air hagard, elle est belle comme un coeur, elle est fragile comme du cristal.
-"Ca va, dit elle. Vous avez une cigarette ?
-Tu comptes le suivre ?
-Je vis avec lui ..."
La seule chose que nous avons pu lui dire, c'est que personne ne méritait ce qu'elle venait de subir. Personne. Qu'elle seule pouvait faire quelquechose pour elle même, prendre la décision.
"Prends soin de toi"
Voilà. Avec des si ...
Avec des si, j'aurai été plus courageuse, j'aurai écouté mon adrénaline et je l'aurai poussé sur la route ce connard, en hurlant, en attirant l'attention, les autres auraient suivi ...
Avec des si, j'aurais un chez moi à Paris et je lui aurai dit : viens passer la nuit chez moi, je te ferai du café, tu pourras dormir tranquille ...
Avec des si ...
Je suis écoeurée, par l'attitude du mec, et aussi par la mienne. On l'a laissée, comme ça, juste laissée... Donné une clope, dit "c'est pas normal ce qu'il t'arrive". C'est tout.
La lâcheté humaine me dégoûte, et hélàs, j'en suis.
Et Merde.